Primavera ou Le Printemps est une peinture réalisée par Sandro Botticelli. Cet artiste, né à Florence, en Italie, vers 1445, et décédé en 1510, a travaillé dans l’atelier de Filippo Lippi, mais aussi d’Antonio Pollaiuolo et d’Andrea del Verrocchio.
Le Printemps a été peint vers 1477-1482, durant la Renaissance Italienne, période de pros- périté artistique. Cette tempera sur bois, mesurant 203 cm de long et 314 cm de large, est aujourd’hui exposée à la Galerie des Offices, à Florence. C’est une peinture mythologique commanditée par Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis, plus connu sous le nom de Laurent le Magnifique, dans le but de l’offrir à ses cousins: Giovanni et Laurent de Médicis. Cette oeuvre célèbre l’arrivée du printemps et l’amour sous toutes ses formes.
Cette oeuvre est une allégorie du printemps. Elle se lit de droite à gauche, comme semblent l’indiquer les mouvements de bras des personnages. Neuf personnages lumineux, tous tirés de la mythologie, se détachent sur un arrière-plan sombre. A droite, on remarque un groupe de trois personnages: Zéphyr attrape la nymphe Chloris, et s’unit à elle. Suite à cette union, cette dernière se transforme, comme en témoigne les fleurs qui sortent de sa bouche, en Flore, femme majestueuse portant une robe parée de fleurs. L’amour a ainsi métamorphosé la jeune fille en femme féconde. Flore est une allégorie de la ville de Florence.
Au centre du tableau, Vénus se tient en majesté. Elle représente l’idéal de beauté de l’époque et est l’incarnation d’un amour spirituel. Conformément à la vision platonicienne, la beauté est un cheminement de l’âme vers le divin.
Au-dessus d’elle se trouve son fils, Cupidon, représenté comme un bébé potelé aux yeux bandés, symbolisant l’amour qui frappe au hasard. Il s’apprête à tirer une flèche sur l’une des trois Grâces.
Ces dernières portent des drapés vaporeux et dansent. Elles symbolisent la beauté, la chasteté et le plaisir, trois allégories essentielles à l’amour. Elles sont très joyeuses, comme en témoignent leurs mouvements. En effet, elles font une ronde en se tenant les mains.
A gauche du tableau, on reconnaît Mercure à ses attributs: il porte un casque, des chaussures ailées et un caducée. Il dissipe des nuages sombres, qui risqueraient de troubler cette scène idyllique. Les graines qui tombent de ces nuages rappellent que le mois de Mercure est le mois des semences. Ces personnages se trouvent sur un sol fleuri. A l’arrière-plan, on remarque des arbres fruitiers. Portent-ils les fameuses pommes d’or du jardin des Hespérides ou des fleurs d’oranger, symboles de chasteté?
Cette oeuvre représente le cycle perpétuel de l’amour: tomber amoureux, comme Mercure et les trois Grâces, s’unir, comme Chloris et Zéphyr, et avoir des enfants, comme Vénus, mère de Cupidon.
La composition est triangulaire, les lignes de force semblent se croiser au dessus de Cupidon. Cette forme triangulaire signifie l’harmonie et la majesté. Notons que le triangle est arrondi, notamment par les arbres à la droite du tableau, ce qui témoigne d’une certaine douceur. De part et d’autre, deux hommes, Mercure et Zéphyr, sortent de ce triangle, et encadrent la scène. Les ailes de Zéphyr et le bras de Mercure créent deux lignes qui s’opposent à ce triangle. Par ailleurs, Vénus est entourée d’un halo formé par le ciel, ce qui rappelle encore sa divinité et sa perfection.
De plus, on retrouve la présence des différents sens dans cette oeuvre: le goût, avec les fruits, le toucher, car les personnages sont pieds nus dans l’herbe, l’odorat, grâce aux centaines de fleurs présentes, la vue, notamment avec de nombreux échanges de regards, et même l’ouïe, avec le bruissement des ailes de Zéphyr.
Au delà d’une allégorie du printemps, Botticelli représente la saison des amours. L’artiste nous offre un tableau rempli de joie, comme en témoigne la danse des trois Grâces ou le sourire de Flore. La fraîcheur émane de ce tableau, notamment grâce au sol mille fleurs, à la robe de Flore ou encore aux tenues légères des trois Grâces. De plus, le mouvement joue un rôle clé dans ce tableau, avec de nombreuses lignes courbes, la position de Flore et de Zéphyr ou encore la danse des trois Grâces. L’artiste fait ainsi un éloge de l’amour et de la joie et également de la prospérité de Florence à travers la figure de Flore et de l’abondance des fleurs. Botticelli se place dans la lignée de nombreux artistes italiens, en peignant des figures tirées de la mythologie, s’inspirant de l’Antiquité et représentant l’idéal de beauté féminine de l’époque dans ses tableaux.
Cette oeuvre est célèbre dans le monde entier et surprend par sa douceur, sa sérénité joyeuse et sa délicatesse. C’est une harmonie parfaite, tout juste perturbée par l’arrivée de Zéphyr. La joie est omniprésente dans ce tableau où s’entremêlent l’amour et le bonheur.
Le Printemps n’est pas sans rappeler la tapisserie La Dame à la Licorne avec son sol mille fleurs. De plus, les deux œuvres ont pour but premier de célébrer l’amour et de représenter la femme parfaite.
Par ailleurs, on peut établir un parallèle avec une autre œuvre de Botticelli, La naissance de Vénus, où Vénus est encore au centre de l’œuvre. On y retrouve également une des trois Grâces à la droite de Vénus, arborant une étole au motif mille fleurs, ainsi que le couple formé par Zéphyr et Flore.
De nombreux artistes reprendront le thème des trois Grâces au cours des siècles suivants : Raphaël au XVIe siècle, Rubens au XVIIe siècle, Nikki de Saint Phalle au XXè siècle. Gageons que d’autres artistes s’inspireront également à l’avenir de ce chef d’oeuvre joyeux.
Alix Guedj
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