Le Sermon sur la Montagne est une fresque peinte par Fra Angelico, et probablement quelques uns de ses élèves, entre 1436 et 1443. Fra Angelico a vécu au XIVe siècle en Italie et faisait partie de la Première Renaissance. Il s’est beaucoup inspiré de Lorenzo Monaco, notamment pour le choix des couleurs et les jeux de lumière dans ses oeuvres.
Dès 1440, Cosme de Médicis demande à Fra Angelico de décorer le couvent San Marco, à Florence. L’artiste peint donc des fresques dans les cellules individuelles des moines, ou encore dans les corridors. Ces fresques avaient pour but d’inviter à la méditation. Elles avaient aussi un but pédagogique auprès des moines.
On peut aujourd’hui admirer Le Sermon sur la Montagne dans une ancienne cellule, à San Marco.
Cette fresque représente, comme son nom l’indique, le sermon sur la montagne, c’est-à-dire lorsque Jésus monte sur la montagne pour enseigner ses disciples et leur présenter sa prédication des béatitudes que l’on retrouve dans l’Evangile de Saint Mathieu. Ces dernières expliquent que ceux qui sont en quête de paix et de justice seront appelés au Royaume de Dieu, quelle que soit leur situation matérielle sur Terre.
Jésus et ses disciples surplombent la foule venue écouter Jésus. Fra Angelico a souhaité représenter uniquement le Christ et les apôtres. Ce qui renforce l’atmosphère calme et sereine de la fresque. En choisissant de gravir la montagne, Jésus cherchait aussi à se rapprocher du ciel.
Le choix du cadrage serré par Fra Angelico donne l’impression que la montagne est au niveau des nuages. L’artiste voulait sans doute souligner implicitement que Jésus est lié au ciel et qu’il tient ses enseignements directement de Dieu.
Les douze apôtres sont assis en demi-cercle autour de Jésus et l’écoutent attentivement. La composition pyramidale des personnages répond à la forme de la montagne: Jésus est au sommet de la pyramide et les apôtres en constituent la base.
Le Christ est reconnaissable à son auréole en croix. Il est assis au dessus des apôtres, ce qui témoigne de sa supériorité et de son autorité. Il regarde ses disciples. Il tient dans sa main gauche ce qui semble être un rouleau de parchemin. Il lève sa main droite, probablement en signe d’enseignement. Montrerait-il le ciel afin d’inciter les apôtres - et également peut-être le moine qui se trouvait dans cette cellule - à se tourner vers Dieu et à prier ?
Un apôtre en prière, probablement Pierre, fait face au spectateur. L’auréole noire de Judas, procédé iconographique permettant de le distinguer des autres apôtres, semble déjà annoncer sa future trahison.
L’arrière-plan est sobre et désert. La composition est simple et la fresque est dénuée de décoration. Le but recherché est de provoquer la méditation des moines qui vivaient dans la cellule. Cette fresque les invitait à la réflexion et à la prière notamment à travers la posture de Pierre, et à la méditation, grâce à l’atmosphère calme et studieuse qui se dégage de la fresque. La simplicité recherchée trouve sa source dans le but pédagogique des fresques et leur lisibilité.
Les tonalités douces choisies par l’artiste contribuent à l’impression de quiétude de la fresque. On note que la lumière entre par la droite de la fresque, ce qui peut surprendre. C’est simplement parce que les fenêtres des cellules des moines se trouvaient à droite de l’oeuvre et que Fra Angelico comptait sur cette luminosité naturelle. Rappelons que Fra Angelico vivait au couvent San Marco et qu’il adaptait d’autant plus facilement ses oeuvres à la configuration des lieux.
Ainsi à travers Le Sermon sur la Montagne, Fra Angelico invite le spectateur à méditer et à écouter la parole du Christ. L’artiste met son talent au service de la foi avec pédagogie et simplicité.
Alix Guedj
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