Le Centre Pompidou organise jusqu’au 1er juillet une grande retrospective de l’œuvre du sculpteur roumain Constantin Brancusi. C’est l’occasion pour ses admirateurs inconditionnels d’admirer ses œuvres dans une scénographie originale, ou, pour ceux qui le connaissent moins, de bénéficier d’un parcours didactique qui nous plonge au coeur de sa quête de l’absolu.
Brancusi a en effet un parcours éclectique. Après une formation en Roumanie, son pays d’origine, il arrive à Paris à 28 ans et commence par travailler dans l’atelier de Rodin comme assistant du maître, avant de décider de voler de ses propres ailes. Ouvert et curieux, il visite le Louvre et le Musée Guimet avec assiduité. C’est pourquoi l’influence de l’art antique, asiatique et africain est remarquable dans ses premières oeuvres.
Les recherches des cubistes le passionnent également et vont le conduire vers une fragmentation progressive des formes et une simplification de plus en plus poussée qui tendront à l’abstraction.
Il partage cette recherche d’un nouveau langage avec les artistes de son temps qu’il côtoie et admire tel Fernand Léger ou Man Ray.
Brancusi est en effet dans une quête permanente : il aspire à représenter « l’essence des choses ». C’est une des raisons pour laquelle il reprend inlassablement les mêmes sujets. Autant de variations enchanteresses du fameux Baiser ou de ses Danaïdes. Ses portraits de femmes se déclinent à l’infini en une multitude de têtes stylisées aux lignes douces et ovoïdes.
Il travaille ainsi divers matériaux, tantôt le marbre, tantôt le bois, tantôt le bronze. Et chaque oeuvre qui sort de son atelier est différente. La répétition des formes et la mise en valeur du matériau sont essentielles dans le travail de l’artiste.
Les jeux de lumière sur la matière, qui jaillissent sur le bronze parfaitement lisse, ou bien qui éclatent sur le marbre immaculé, sont déterminants. Ils ont le pouvoir de métamorphoser les formes. La sculpture devient ainsi une « forme en mouvement» comme le souhaite Brancusi.
D’ailleurs celui-ci ne laisse rien au hasard, puisque chaque sculpture dispose d’un socle pour lequel le matériau et la forme ont été choisis avec soin. L’artiste considère d’ailleurs que chaque socle est une oeuvre à part entière, au même titre que la sculpture qu’elle supporte.
Ainsi chaque oeuvre d’une série devient unique, non seulement par le jeu des matières, de la lumière mais aussi par son socle singulier.
Sa quête intarissable de la transcendance s’exprime magnifiquement dans ses Oiseaux, où l’artiste aspire à quitter le monde terrestre pour s’élever vers le spirituel. Tout comme sa Colonne sans fin de près de trente mètres de haut tente de faire le lien entre la terre et le ciel.
« Nous ne voyons la vie réelle que par les reflets » aimait à dire Brancusi. L’exposition du Centre Pompidou nous invite à la contempler et à en saisir l’essence à travers cette oeuvre titanesque.
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