Peindre le voyage, l’épopée des artistes
- Alix
- 3 sept.
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« Il n’y a d’homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie » aux yeux de Lamartine. Ainsi, le voyage apparaît comme un vecteur de métamorphose interne chez l’homme, comme une opportunité de réflexion sur sa vie et sur le monde. Si il apparaît alors comme vital aux poètes comme Lamartine, le voyage est également un thème majeur de la peinture depuis des siècles, et notamment depuis le XVIIIe.
Le voyage est souvent associé, en un premir lieu, à un cheminement intellectuel et spirituel, qui se déroule dans des lieux idylliques, imaginés par les artistes.
Il a alors un sens symbolique, et il prend place dans des lieux paradisiaques, issus de l’imaginaire collctif. De cette façon, Pèlerinage à l’île de Cythère, huile sur toile de Watteau de 1717 présente des voyageurs se trouvant sur l’île de Cythère, île de l’amour puisque, selon la mythologie grecque, Aphrodite serait née dans ses eaux. Le tableau, qui se trouve au Louvre, utilise alors le voyage comme prétexte pour peindre une scène idyllique: des Amours, petits angelots, dansent dans le ciel, les personnages discutent deux à deux, tout semble représenter l’amour et le plaisir dans le tableau, jusqu’au buste d’Aphrodite à droite.


Un siècle plus tard, en 1818, Friedrich utilise à son tour le voyage afin de traiter d’un autre sujet. Dans son tableau Le Voyageur, le voyage apparaît comme une métaphore du cheminement intérieur du personnage central. Un personnage, seul, mystérieux, tourmenté, fait face à une mer de nuages, qui représente de ses états d’âme. L’homme, de dos, semble alors observer le reflet de son esprit dans le paysage qui s’offre à lui. Le voyage est alors un prétexte pour offrir au spectateur une peinture romantique: les états d’âme de l’homme sont le véritable sujet de l’oeuvre, et la nature n’en est que le miroir.
Puis, le voyage est immortalisé par les artistes, qui utilisent la peinture afin de produire un témoignage visuel des lieux qu’ils visitent.
En 1833, Delacroix ouvre la voix à une nouvelle approche du voyage dans l’art. À l’issue de son séjour en Afrique du Nord, il peint de très nombreuses oeuvres afin de saisir l’atmosphère des lieux qu’il visite, et d’en témoigner aux spectateurs. De cette façon, Femmes d’Alger dans leurs appartements, toile réalisée en 1833, présente une scène quotidienne, qui semble saisie sur l’instant. A travers une toile orientalisante, Delacroix immortalise ainsi les coutumes d’un pays étranger, et offre un témoignage artistique des modes de vie des femmes aisées à Alger, ainsi que de de leur façon de s’habiller, ou de l’architecture de leur lieu de vie.

L’art devient alors un moyen de capturer des instants de voyage, de saisir l’essence des lieux, et notamment l’effervesence des villes. De cette façon, dans les années 70, André Hambourg portraiture New York dans ses très nombreux croquis, où il tente de saisir les caractéristiques de la ville, et notamment sa fameuse skyline, mais aussi son agitation. Dessiner permet alors de donner vie aux lieux visités, les transformant en véritable modèle.
Enfin, l’art semble dépasser le voyage, offrant au spectateur un voyage immobile dans l’imaginaire de l’artiste.
De cette façon, Henri Rousseau, plus connu sous le nom de Douanier Rousseau, peint Le Rêve en 1910. Dans cette toile, il représente une femme dans la jungle. Cette femme est une amie du Douanier Rousseau, Yadwiga. Mais cette œuvre nous livre un paysage issu de l’imaginaire de l’artiste, puisque ses seules connaissances de la jungle lui viennent du Jardin des Plantes du musée d’histoire naturelle de paris. Rousseau peint une femme allongée, dans une posture qui rappelle celle des odalisques, motif courant en peinture, mais il l’ancre dans un univers totalement inventé, lui proposant un voyage immobile. Ici, comme en témoigne la note explicative du tableau, l’artiste a représenté un rêve de Yadwiga, lui conférant une certaine réalité à travers sa peinture. Il faut noter l’attachement du Douanier Rousseau à la jungle, lui qui ne l’avait jamais réellement vue.

Ainsi, la peinture et l’art semblent échanger continuellement, dans une certaine symbiose. Si le voyage et un thème privilégié des artistes, les œuvres semblent également permettre une évasion, un dépaysement, et faire alors voyager l’artiste et le spectateur.
Alix Guedj
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