Les artistes ont toujours montré un grand intérêt pour la nature, et notamment pour les arbres. Ceux-ci sont présents sur Terre depuis 370 millions d’années. Cet engouement pour les arbres n'a cessé de grandir et ils sont omniprésents dans l'art sous toutes les formes.
L’ARBRE COMME SUJET
L’ARBRE, DANS LES RELIGIONS
Dès l’Antiquité, les Egyptiens s’interrogent sur l’origine de ce qui les entoure. Ils croient donc à l’existence d’un arbre créateur, l’arbre de vie, qui serait la source de toute vie sur Terre. Il permettrait l’équilibre entre le ciel et la Terre, en soutenant la voûte céleste avec ses branches, et en enfonçant ses racines dans l’eau. Son tronc, quant à lui, était considéré comme le centre du monde. Ainsi, cet arbre était synonyme de stabilité, à l’opposition du serpent, qui tentait de détruire cet équilibre.
Dans la religion chrétienne, l’arbre de vie est remplacé par l’arbre de la connaissance du bien et du mal dans le Jardin d’Eden. Le serpent, représentant le diable et la tentation, convainc Ève et Adam de goûter le fruit de l’arbre, bien que Dieu l’ait interdit.
Quelques millénaires plus tard, en 1909, Klimt reprend le concept de l’arbre de vie, qui représente pour l’artiste le lien entre la terre et le ciel et aussi entre l’homme et la femme.
L’ARBRE, ASSOCIÉ AUX SCIENCES
Au Moyen-Age, l’arbre est associé à la médecine. Les plantes sont utilisées pour soigner les épidémies, on achète des remèdes à base de plantes. Les végétaux sont scindés en catégories distinctes: les arbres et les herbes. Les manuscrits richement illustrés facilitent cette classification.
À la Renaissance, avec la découverte de nombreux territoires, les explorateurs ont à coeur de représenter les animaux, les habitants et également la végétation nouvellement découverts. Ils font donc appel à des artistes ou à des herboristes afin de rapporter des images très précises de ce qu'ils ont vu.
L’ARBRE POUR L’ARBRE
L'arbre peut aussi être un sujet à part entière. Les artistes le choisissent alors à des fins purement esthétiques.
Ainsi, à l’époque gallo-romaine, on réalise de nombreuses mosaïques pour décorer les sols et les murs des maisons. Les arbres sont un motif récurrent. La mosaïque aux arbres de la villa Séviac (à gauche) en est un exemple. Cette mosaïque est assez surprenante en raison de sa composition libre , qui contraste avec les habituels canevas géométriques réalisés à l'Antiquité.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, l’arbre est souvent peint lors de séances en plein air. Des artistes, comme Pierre-Henri de Valenciennes et Johan Christian Dahl, représentent l’arbre avec un but précis : capturer la lumière sur les arbres avant que cette dernière ne change d’intensité et ne modifie l’atmosphère. Ces artistes se fondent sur l’immédiateté des couleurs et de l’éclairage.
Au XXe siècle, Bonnard choisit également l’arbre comme sujet principal de certaines oeuvres. Il peint notamment un arbre qu’il voit de la fenêtre de sa chambre. C’est le dernier tableau qu’il peint avant sa mort, et il ne cesse de le perfectionner allant jusqu’à demander à son neveu de retoucher son oeuvre.
Klein, quant à lui, choisit de créer une sculpture d’arbre à partir d’une éponge, en utilisant comme toujours son fameux bleu Klein.
David Hockney peint les arbres depuis des décennies fasciné par le rythme des saisons.
Dans toutes ces oeuvres, l’arbre est un sujet à part entière, que les artistes représentent pour les variations infinies qu'il subit, notamment en fonction du temps, des saisons ou de la lumière.
L’ARBRE, PERSONNIFIÉ
L’arbre et l’humain connaissent de nombreux rapprochements dans l’art, à l’image de Daphné, célèbre nymphe de la mythologie grecque. Cette dernière se serait transformée en laurier afin d’échapper à l’amour d’Apollon. Elle a souvent été représentée en sculpture, notamment par Le Bernin, et en peinture, par Pollaiolo, par exemple.
Par ailleurs, l’arbre en lui-même prend parfois des traits humains. Dans le célèbre tableau L’Hiver d'Arcimboldo, l’arbre est personnifié, et a un visage humain. L’artiste a réalisé de nombreuses compositions et les peintures des quatre saisons sont les plus célèbres personnifications de la nature.
L’ARBRE SUPPORT
L'arbre n'est pas uniquement un sujet pour les artistes mais il est aussi support de leurs créations.
Les sculpteurs ont toujours utilisé le bois, matériau plus tendre que le marbre pour réaliser leurs oeuvres. On a retrouvé de nombreuses statuettes égyptiennes en bois dans les pyramides. Des artistes de la Renaissance, comme Donatello et sa célèbre et émouvante Marie-Madeleine, ont parfois privilégié le bois pour toutes les nuances d'expression que ce support offrait. Les artistes contemporains utilisent également le bois dans leurs œuvres d’art. Wang Keping, artiste chinois contemporain, sculpte le bois, exposant toutes les possibilités qu’offrent ce matériau. Il conserve ainsi l’essence de son art, épurant ses sculptures afin de faire ressortir le côté brut du bois.
Barbara Hepworth a aussi exploré les multiples possibilités que présente l'arbre comme support.
L'arbre est aussi un support pour les peintres.
En Chine, la xylographie est utilisée dès le VIIe siècle. Cette technique consiste à graver le bois, puis à l’encrer afin d’imprimer un motif ou un texte.
Au Moyen-Age et à la Renaissance, les artistes peignent beaucoup sur bois, en utilisant l'huile ou la tempera.
Le papier, issu du bois, est évidemment aussi un support privilégié par les artistes.
Eva Jospin, quant à elle, adopte un traitement original du bois. En effet, elle sculpte le carton, fait à partir de bois, et crée de véritables forêts enchantées, en utilisant la texture très spéciale du matériau.
L’arbre est donc omniprésent dans l’art, et les artistes ne cessent de se renouveler, en exploitant toutes les possibilités de création à partir d’un arbre, et en adoptant des points de vue originaux et des expressions variées.
Alix Guedj