Céline Laguarde est une photographe du début du siècle dernier qui a connu un grand succès avant d’être oubliée.
Le Musée d’Orsay lui consacre une rétrospective nous permettant de redécouvrir cette artiste incontournable, figure internationale majeure de l’histoire de la photographie.
Née en 1873 à Aix en Provence, Céline Laguarde a commencé sa carrière dans le cadre de concours de photographie amateurs, dans une société où les femmes des classes aisées étaient encouragées à mettre leur talent artistique au service de ce médium. C’est l’époque de l’essor de la photographie « pictoriale ». Laguarde entre alors au Photo-Club de Paris et devient la représentante de de l’école pictorialiste française lors de nombreuses expositions en France comme à l’étranger.
S’essayant avec succès à tous les genres (portraits, paysages et aussi la microphotographie scientifique), Laguarde a adopté des procédés pigmentaires complexes qui lui ont permis d’atteindre la perfection esthétique.
Céline Laguarde privilégie la représentation de la figure féminine, et sa technique et les procédés pigmentaires qu’elle utilise confèrent à ses photographies une ambiance particulière, quasi surnaturelle, qui ancre l’artiste dans le courant symbolique. Ses modèles féminins renvoient aux héroïnes médiévales et nombreuses sont les références littéraires ou artistiques que Laguarde emprunte au symbolisme international et à l’Art nouveau.
La photographe met à profit les différents procédés techniques pour conférer à chaque tirage une touche personnelle qui élève ainsi chaque épreuve au rang d’oeuvre d’art.
Mais Laguarde ne se cantonne pas au portrait féminin ou enfantin. En effet, elle gravite dans un milieu intellectuel et aisé, et, à l’instar de sa consoeur britannique Julia Margaret Cameron, elle va portraiturer les célébrités masculines du monde artistique et scientifique de son époque avec une délicatesse qui tranche avec les codes de l’époque.
Rappelons que Laguarde est provinciale, et dès ses débuts elle s’intéresse au paysage et à la photographie de plein air. Elle nous livre ainsi des photographies où la figure humaine est parfois présente dans des paysages variés, tantôt un château, tantôt une usine, tantôt de simples collines. Mais une fois encore, ce sont les procédés utilisés par Laguarde qui sont déterminants dans son travail. Et notamment l’adoption du report d’huile, qui confère à ses oeuvres une dimension poétique et des effets d’atmosphère proches de l’impressionnisme.
Laguarde est aussi naturellement influencée par son entourage direct. Ainsi, alors qu’elle épouse un scientifique, elle devient la première femme à pratiquer la microphotographie scientifique.
De même, pianiste virtuose, elle a pour amis des artistes musiciens et allie ainsi sa passion pour le piano et pour la photographie.
Cette exposition inédite nous permet donc de découvrir une figure majeure de la photographie.
Isabelle Gheleyns-Guedj
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