top of page

(3) LES REPRÉSENTATIONS DU MONDE DANS LES ARTS - L’École d’Athènes

Photo du rédacteur: VictoireVictoire

Dernière mise à jour : 28 avr. 2022


L’École d’Athènes est une fresque de 440 cm de large sur 770 cm de long réalisée par Raphaël entre 1508 et 1512. Cette tempera, présentant les figures majeures de la philosophie de l’Antiquité, est exposée au Palais du Vatican. La scène se déroule dans l’Antiquité, comme le montrent l’architecture et les vêtements des personnages, habillés en toge. Au centre sont représentés Platon et Aristote, mis en valeur par les couleurs éclatantes de leur toge, mais aussi par la haie de personnages, qui les regardent et les imitent. Les deux philosophes sont alors plongés dans une discussion dialectique à propos de la représentation du monde. Aristote est alors facilement identifiable au livre qu’il tient, Éthique, qui traite du comportement humain dans le monde des vivants. A l’inverse, Platon a en sa possession son ouvrage Timaïos, dans lequel il se penche sur l’origine et la création du cosmos. Ainsi, le disciple de Socrate indique le ciel de son doigt, afin de caractériser son opinion sur la création du monde, et sa théorie du monde des idées, tandis qu’Aristote à la main baissée vers le sol, pour illustrer son propos sur l’origine bien terrestre du monde.

Les quatre marches peintes par Raphaël symbolisent les quatre niveaux de la philosophie qu’il faut gravir, selon Socrate, afin de mener une discussion philosophique : la géométrie, l’astronomie, l’arithmétique et la stéréométrie. Socrate, à gauche de Platon, compte d’ailleurs ces niveaux sur ses doigts. Tandis que les deux personnages principaux se situent au niveau le plus élevé, Diogène est allongé sur une marche, témoignant de son attitude philosophique de mépris à l’égard des biens matériels. Au pied des marches, à droite, l’astronome Zoroastre, tenant une orbe céleste, se trouve en conversation avec Ptolémée, qui tient un disque terrestre. Ces deux représentations du monde, scientifiques, recoupent celles de Platon et Aristote, plus haut. Euclide, proche d’eux, explique pour sa part une figure géométrique en forme d’étoile à ses élèves. A l’extrême opposé de lui se tient l’arithméticien Pythagore, recopiant des notes sur la théorie de l’harmonie musicale. Seule la stéréométrie ne s’incarne dans aucun personnage défini. La pierre placée en bas de l’escalier pourrait renvoyer à la « pierre d’angle » de l’Eglise, par sa représentation en diagonale, mettant en valeur son caractère angulaire. Cette pierre témoigne alors d’une autre vision du monde, mettant en valeur la religion.


Cette fresque témoigne bien des points de vue divergents de l’homme quant à la représentation du monde. Ainsi, Platon oppose pour sa part le monde sensible perçu par les sens, qui n’est qu’apparence et copie du monde intelligible perçu par la raison, composé de réalités véritables. Cependant, Aristote s’oppose à cette vision du monde, confrontant alors la théorie des idées de Platon avec sa théorie de la causalité. Cette oppositions des deux écoles de pensée est symbolisée par la couleur de leur toge : couleurs complémentaires, le rouge et le bleu caractérisent bien cette complémentarité des doctrines. Les deux philosophes se complètent alors dans leur conception du monde. Cependant, ces deux visions du monde, purement philosophiques, se voient contredites par celles des scientifiques Zoroastre et Ptolémée. Ces derniers présentent alors un monde régi par les sciences et en proposent une représentation mathématique, comme le montrent les disques, et non sphères qu’ils tiennent en main. Cette représentation archaïque témoigne alors d’une conception inexacte de la Terre, en paradoxe avec celle des philosophes. La pierre d’angle, tout comme chez les philosophes reflète une conception du monde spirituelle, régie par la religion, mais aussi matérielle : le personnage appuyé sur cette pierre montre bien qu’elle appartient aussi au monde terrestre. C’est donc une conception ambivalente du monde, entre terrestre et céleste.


Ainsi, les représentations ambiguës et ambivalentes, paradoxales et complémentaires du monde cohabitent finalement en parfaite harmonie au sein de cette fresque. A la fois figées par le temps, et pourtant en mouvement constant, illustré par la dynamique du tableau régi par la perspective, ces représentations du monde sont vouées à évoluer au fil des siècles, se posant sans jamais s’arrêter.

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page