Paquebots, 1913-1942 - une esthétique transatlantique
- Victoire
- il y a 4 jours
- 2 min de lecture

L’exposition du MUMA retrace l’avènement des paquebots au travers d’affiches, de tableaux, et de mobilier, au temps des années folles. La part belle est donnée au Normandie : il s’agit du fleuron de l’industrie française de l’époque pour sa taille, sa vitesse et son confort. Cependant, réquisitionné par l’US Army au début de la seconde guerre mondiale, il disparait en 1942, victime d’un incendie.
Emprunté à l’anglais « packet boat » (ou bateau de la poste), le paquebot a d’abord été un moyen pour les plus pauvres de voyager à moindre frais à bord de ces grands navires qui distribuaient le courrier. Cependant, à l’ère de l’industrialisation et de la mondialisation, s’est rapidement mise en place une course au confort, à la beauté et à la rapidité de ces immenses bateaux. Gagner le ruban blanc, ce prix qui récompense la traversée la plus rapide de l’Europe aux Etats-Unis, c’était avant tout montrer la puissance du pays et de son ingénierie.

Cette course à la vitesse s’est rapidement accompagnée d’une recherche de luxe dans la modélisation des paquebots : l’exposition montre bien la beauté des intérieurs dans un style art déco, conçus comme un monde à part où seul le paraître règne en maitre.

En effet, le paquebot, c’est aussi cet endroit coupé du temps et du monde, ce microcosme en vase clos le temps de la traversée. Les armateurs cherchent à doter le paquebot de tout ce qui serait susceptible de divertir ceux qui voyagent afin d’être d’autant plus attractif, et c’est précisément cette spécificité qui fait entrer ces grands navires dans le début d’une civilisation des loisirs : salons, boudoirs, fumoirs, salles à manger toutes plus luxueuses les unes que les autres se multiplient.

Mais dans cette société miniature ressortent avec d’autant plus de force les inégalités entre les différentes classes qui cohabitent : la troisième classe reste logée sous le niveau de l’eau tandis que la première classe dispose de toutes les aménités nécessaires à son confort.
Enfin, l’exposition met en lumière les risques de cette industrialisation massive, et la peur qui peut s’emparer de l’opinion populaire face à ces gigantesques machines que sont les paquebots : dépeints comme autant de monstres au gosier d’acier, ils ne font qu’une bouchée de l’homme qui s’y embarque.
Symbole de modernité, le paquebot est le représentant de ces années folles où la course au plaisir et au progrès enthousiasmait et fascinait.
Comentários